La cour des miracles
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Bonjour aventurier, et bienvenue dans la cour des miracles. Viens deguster notre hydromel, trouver un objet convoité ou faire des rencontres en ces lieux de débauche...
 
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Daleck

Daleck


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MessageSujet: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyMer 18 Avr - 23:50

Qu'est-ce qui m'a poussé jusqu'ici, dans ce lieu ? Franchement, je l'ignore. Sans doute encore un de ces sentiments, de ces besoins vitaux, qui me prennent parfois à la gorge, sans me laisser le moindre choix possible, si ce n'est d'obéir. Le besoin, oui, mais couplé à mon désir soudain de solitude. Ne rien vouloir, ne rien avoir, seulement rester seul. Seul, dans un silence de mort. Juste une envie, celle que mes oreilles n'entendent le moindre bruit, que mes sens aigus ne perçoivent le moindre mouvement. Je crois que la solitude, allant toujours de pair avec moi, a commencé à faire son œuvre. Mes nuits s'allongent à mon regard, à tel point que l'ennui me gagne. Bien sûr, certaines, d'un autre goût, m'empêchent de sombrer, et c'est bien leurs souvenirs qui me poussent : c'est toujours avec délectation que je replonge dans ceux-ci, que je revis les événements pleinement. Mais, ces événements, ils se font rares, ils disparaissent peu à peu, alors que je demeure. Le monde se meurt. Il devient terne, sans saveur. Ce n'est pas la première fois que cette pensée me vient, elle m'est même habituelle ces temps-ci. Il est vieux, il souffre, tout sera bientôt fini, j'en ai la conviction. Et, en attendant que mon heure, comme la sienne, sonne, je ne peux qu'attendre, en me calfeutrant dans les endroits les plus sombres, là où ni étoiles ni lune ne brillent, que la tempête passe, et m'emporte avec elle. Mais, même ici, ce goût si caractéristique disparaît, lentement, mais sûrement...

C'était une vieille chapelle, bâtie au sommet d'une petite colline. Un fin ruisseau courait en contrebas, sur son flanc droit, enjambé par un pont de pierre, qui semblait être sur le point de s'effondrer. Le sentier commençait à disparaître sous les épaisses touffes d'herbes. Des tombes, aussi, poussaient un peu partout, bien que la plupart soient dans un état déplorable, s'empilant les unes sur les autres, dévoré par les plantes grimpantes.

Mes pas me porte vers le battant, à l'entrée, alors que je sais que j'aime déjà ce lieu. Vide de tout, d'un silence mortel, rien ne vie ici, j'en ai la conviction. Nul forme de maléfice, aussi, n'attend dans l'ombre une occasion de frapper. Je les aurais senti. Je suis comme eux, après tout. La seule différence que nous ayons, c'est que moi, je frappe de face, et non en lâche, dans le dos. Je pourrais, bien sûr, et le résultat serait le même. Mais non, c'est mon caprice, en un sens, un petit plaisir que je prends : rien ne vaut, dans un regard, apercevoir la flamme de la vie qui faiblit, alors que le visage reflète l'horreur de ce que l'esprit comprend.

Sous la pression de mes paumes, le battant s'ouvre, dans un silence profond. Je ne me suis décidément pas trompé, c'est l'endroit que je recherche. Rien ne semble avoir changé, depuis que les derniers occupants ont quitté les lieux. Les bancs sont parfaitement rangés de chaque côté de l'allée principale, celle-ci menant à un autel surélevé. Sur chaque côté de celui-ci, des cierges, déposé à même la pierre, se sont soudé en une seule bougie, provoqué par les nombreuses coulés de cires. Les vitraux, brisés en plusieurs endroits, ont pour la plupart perdu leurs teintes colorés, et laissent entrer la pluie, qui s'infiltre de l'extérieur, en crépitant sur le dallage. Surplombant le tout, une gravure, qui fait se remplir de dégoût mon cœur. Aveynas, à n'en pas douter, dans une vision euphorique d'espoir, vain de toute évidence...

_Connerie...

Je ne m'attarde pas. C'est le visage impassible, comme toujours, que je remonte l'allée, avant de m'installer sur le second banc, en fin de rangée, comme les anciennes ouailles de ce lieu l'ont sans doute fait des années auparavant. Et, d'eux, ne demeure que poussière désormais. C'est sur cette pensée que je fixe l'ancien autel. Bâti avec espoir, je ne peux les critiquer pour cela. Tous, même moi, il y a de cela si longtemps, je croyais encore au monde tel qui l'était, j'étais prêt à me battre pour lui, à mourir même, pour sa sauvegarde, s'il le fallait. C'était avant. Si déçu. Mais maintenant, je sais que ma place n'est plus ici. Je suis une relique d'un passé révolu, de celle qu'on découvre dans les grimoires, en écarquillant les yeux en voyant la date inscrite. Mon temps est venu, on me chasse, je ne suis plus chez moi ici. Je devrais être mort. Non, je suis mort. Tout ce que j'avais, tout ce que j'aimais, tout ce pour quoi je survivais, a disparu dans les limbes, emporté par les courants du destin. Et je demeure, seul, dans les ruines...

C'est non sans un brin d’ironie, que j'arrange mon manteau, pour le rabattre sur moi sans le retirer.

_Ouais, c'est sacrément joyeux la vie...

Calé contre le dossier, je lève doucement mes yeux vers la gravure ornée d'Aveynas, et c'est avec le même dégoût que je préfère fermer les yeux, essayant de trouver la paix dans le sommeil. Bien, qu'encore une fois, je sais que cet espoir est vain...
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Arkanisse

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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyJeu 26 Avr - 8:32

Il y a de ces nuits, où l’appel des étoiles ne peut être ignoré. J’ai quitté la Taverne il y a peu, la nuit est claire. Et si je me réfère à la conjoncture des astres de nuit, alors, je peux sans aucun doute dire qu’il n’est guère tard. Je n’ai pas sommeil, et de toute manière, je n’ai pas pour habitude de dormir lorsque les rayons du soleil meurent, pour laisser place à l’ombre. Fille de l’obscurité, je me complais dans les ténèbres. Aussi, quand celles-ci laissent une petite place aux étoiles, je ne peux que continuer à errer sur l’herbe fraîche de la plaine. J’en oublie le temps pourrais ainsi veiller jusqu’à l’aurore. Heure à laquelle, je prends plaisir à me réfugier à l’intérieur d’une demeure sombre, tirant les rideaux si vraiment bien trop de lumière s’engouffre aux travers des carreaux.

En cet instant, je laisse le crépuscule dominer ses terres, et choisi de laisser courir l’idée que l’aube peut être proche. Dans le vent une odeur se répand. C’est une senteur que j’ai plaisir à humer lorsque l’occasion se présente. D’un murmure à peine palpable, le souffle glacé de la bise me chante une Aubade. La Terre quant à elle, vibre d’une manière variée sous mes pas. Au loin, le bruissement d’une rivière se fait entendre. Il est doux, et s’agite au gré d’une rafale enchanteresse s’échouant sur la surface de l’eau. D’où je suis, je ne peux encore l’apercevoir, pourtant, je la ressens. C’est une sorte de psaume imperturbable, qui m’invite tout simplement à suivre ce chant.

C’est ainsi que je suis, je laisse parler les éléments puis me laisse porter par ce qu’ils me répercutent, me plongeant parfois même bien au-delà de ce que je pourrais imaginer. En cette nuit qui s’avance, tous semble me mener à un pont de Pierre qui sans doute à déjà trop été utilisé, au vue de ce qu’il en reste. La rivière est bien là, m’invitant indéniablement. L’eau me pousse vers elle, une attraction que je ne peux éviter. Alors, sans même réfléchir, je m’assois le temps de retirer mes bottes, de les prendre en main, enfin de me relever, puis de me lancer aux travers du court d’eau qui sous la lumière de la lune semble teinté d’un mysticisme certain.

L’eau est froide, un frisson me remonte le long du dos, puis j’esquisse un sourire significatif. D’une faible révérence, je rends hommage à l’eau, à la terre, à l’air … Le feu, quant à lui je le retrouverai un peu plus haut. Un peu plus loin, je distingue une forme singulière qui se mêle à la nuit. Je suis intriguée par ce que je perçois. Alors, tout simplement, je bifurque, pieds dans l’eau, j’avance jusqu’à ce que j’arrive enfin sur ce que je pourrais nommer la berge. Petite berge qui finalement n’est autre que le bord du ruisseau.

Mes sourcils se froncent, une présence hante les lieux. Pourrais-je dire qu’il ‘agisse là, de spectres réfutant à trouver le sommeil éternel, parce qu’ils se complaisent également dans le noir absolu ? Non, c’est autre chose, malgré tout, inévitablement quelque chose de tortueux. Je crois reconnaître là une essence qu’il y a peu j’ai déjà perçu.

La pluie lentement impose sa volonté. Une fine goutte de pluie s’échoue sur ma joue. Elle se mue rapidement, s’évanoui dans mes pores, se fond en moi, puis périt. Cela me laisse supposer que rapidement le temps risque d’empirer. L’intuition … Pour l’heure, c’est une légère pluie qui abreuve le sol, mais je sais qu’il va falloir me trouver un abri. Bien que … Je ne risquerais sans doute pas grand-chose, je préfère me retirer pour laisser la nature déverser sa colère avec tumulte.

Je n’ai pas d’autre choix, que de prendre la direction de la chapelle, et puis, c’est vrai, je suis persuadée qu’à l’intérieur de celle-ci se repose paisiblement en être dont la volonté aime se faire contradictoire. L’intuition …

Je suis bien trop curieuse pour manquer cette aubaine. Alors, avant que je ne sois trempée jusqu’aux os, je hâte le pas, jusqu’à parvenir devant les battant de la porte. Ici … Je jette un dernier coup d’œil aux tombes qui s’apprêtent à se donner entièrement aux plantes avant de passer le seuil de l’oratoire.

Une Sorcière au sein du sanctuaire, je ne peux m’empêcher de sourire à cette pensée. Ce ne sont que pratiquement ruines … Mais il faut avouer, quasiment rien ne filtre à l’intérieur. Les vitres sont cassées de part et d’autres, mais pas complètement. Ce qui donne un certain charme au lieu. Mais … jamais je ne me serais imaginée entrain de fouler un lieu soi-disant sacré. Ou peut-être si, mais probablement pas pour les mêmes raisons que ceux qui jadis ont crût s’adonner à la prière. Ou cela les a-t-il menés ?

Ce sont sur ces pensées que je continue mon avancée. A peine un peu plus en avant je remarque un autel dédié à je ne sais quel dieu. Et je m’en moque bien, car celui qui croit détenir la vérité, est loin de se douter que finalement, il s’est trompé sur tout. C’est comme ça moi, que je vois les prêcheurs. Et je sais que sans nuls doutes, ils pourraient dire la même chose sur mes croyances. Sauf que oui, toute véracité à son lot de rebuts. Il en a toujours été ainsi.

J’en rigolerais presque, tient.

Ici tout est vide, ici, tout est mort, ici, rien ne perce, Ici c’est comme se retrouver enfermé dans une spirale infernale qui demeure muette. Tout comme le néant pourrait se révéler aux yeux de tous. Vide de sens … Car ressasser un passé révolu c’est comme le néant qui farouchement gagne le cœur de celui qui bien trop souvent se laisse partir dans ce qui fut, et qui un jour finir par être oublié. De sa mémoire également. Cependant, il y a des choses qui ne peuvent s’oublier, parce qu’elles auront marqués les époques d’un fer rouge. Tout n’est que question de point de vue je présume.

Et puis là-bas, mes yeux s’attardent sur une silhouette. Elle n’est pas faite de pierre celle-ci. Alors d’un pas lent, je m’avance, sans un bruit je me faufile entre les rangées de bancs. Puis finalement, prend place aux côté de l’homme. Je ne sais si je ne devrais pas finalement tourner les talons, puis le laisser vaquer dans cet étrange sommeil qui parviendra à le gagner.

Nul de sens … Je brise le silence.

« Veux-tu être seul Daleck ? »

J’ai senti en lui la lassitude. Il est possible que malgré la tempête qui gagne du terrain à l’extérieur, il faudra que tout de même, je sorte. Il n’est sûrement pas venu ici dans l’espoir de croiser du monde…

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Daleck

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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyJeu 26 Avr - 17:03

Les yeux fermés. Et pourtant, je continue à les sentir, les percevoir même. Au-delà de mes paupières. Au-delà de ce plafond finement gravé. D'abord ces nuages, sombres, qui continuent de flotter dans l'air ambiant. Ils s'agitent uns à uns, caressant le sol de leurs flots. Je les entends même venir crépiter contre le dallage, s'infiltrant par les vitraux brisés. Monocorde est cette berceuse, mais je me perds un instant à chasser le rêve, les comparant à un de c'est fameux feu de joie, que les gens font brûler lorsque l'hiver vient. A moins que ce soit pendant qu'il fuit, encore et toujours ? Oui, je crois que c'est plutôt cela. En effet, quelques souvenirs me reviennent : des danses endiablées, autour d'un feu géant, dont les flammes semblent dépasser la cime des arbres, pour venir caresser la voûte céleste. Les rires, la joie, en somme, l'ivresse de la vie. Pourtant, j'ai oublié ce goût maintenant. Je ne sais ni quand, ni comment, mais j'ai oublié. Il ne me reste rien, si ce n'est quelques souvenirs. Mais déjà, ils s’évadent, s'échappent de mon contrôle. Des visages, que je croyais encré à jamais dans mon esprit, s’effritent, comme les murs de cette chapelle. Ils deviennent ternes, vague au fil des années. Les détails, peu à peu, fondent, ne laissant que brume au mieux, bien que le néant se présente plus souvent. Seuls les noms demeurent. Et encore, pour un temps seulement. Ils perdent leurs sens, leurs significations, jusqu'à ce que moi-même, qui les avait pourtant côtoyé, ne puisse dire qui ils furent, si je les aimais, ou bien les haïssait. Enfin, ils s’enfoncent dans les ténèbres, comme tout le reste avant eux. Combien ? Combien en ai-je oublié, depuis le temps ? Des dizaines, des centaines, ou bien des milliers ? Je l'ignore. Le poids est déjà lourd, dur, dans ma poitrine, dans mon esprit. En un sens, il y a quelque chose d'effroyable dans l'indécis. Mais, je ne peux m'empêcher de songer : l'horreur de la connaissance ne vaut-elle parfois pas mieux que la terreur de l'ignorance, de l'oubli ?

Immobile, les paupières toujours closes, je sens pourtant mes yeux qui s'envolent, bien plus haut que les nuages. Ils montent, gravissent les cieux. Par-dessus les nuages, la nuit doit sûrement être belle, magnifique même. La voûte céleste a revêtu son manteau tapissé d'étoiles pour la nuit, comme toujours. C'est là que mes pensées s'attardent un instant, pour les contempler, les compter même, un court instant, devant le visage apaisé de leur mère. Sa face est ronde, pâle et si vivante pourtant. Et, comme toujours, elle leurs murmures quelques chants et contes, légendes et mythes. Elle a tout juste commencé, alors je me décide à les laisser en paix. Plus loin, toujours plus loin, gravissant les anciennes marches, jusqu'à arriver à un des ancrages de la Roue. Ici, même l'éternelle présence des filles de la nuit n'est que soupir, que poussière dans le vent. Immuable, elle tourne, encore et toujours, enchaînant les cycles, les ères, où tout se répète inlassablement. L'immortalité? Peut-être, mais alors, depuis quelle fatidique heure ? Non, elle tourne, depuis ce que nous, nous appelons la nuit des temps, et bien avant même. Mille fois, et plus encore, elle a donné naissance au monde, à la vie. Et, autant de fois, elle l'en a privé, le poussant dans le Néant, qu'elle a elle-même créé. De grands hommes se sont dressé pendant nos millénaires, mais bientôt, ne restera que poussière d'eux, qu'un vague souvenir étranglé, tout comme les miens. Et, à nouveau, lorsque tout recommencera, on se verra s'élever les mêmes hommes, les mêmes guerres, les mêmes fins...

Le battant s'ouvre, laissant un fin souffle de vent s'engouffrer, mais, aucun bruit, aucun sifflement, ne vient troubler le silence. Je reste immobile, jusqu'à ce, qu'enfin, on s'installe à mes côtés. Pas n'importe qui. Elle. Dans le mutisme de ces ruines, de ces pierres, de cet ancien lieu saint, j'ai l'impression que sa voix claque comme le tonnerre, y trouvant l'écho de mes oreilles. Pourtant, je n'en bouge pas pour autant, continuant ma réflexion. Mes yeux, eux, restent clos. Non que je l'ignore, ou même que je sois endormi. J’attends juste, le temps de revenir, de vider mon esprit de cette Roue, qui m'ensorcelle par ses tourbillons incessants. Finalement, craignant qu'elle le pense, et s'éloigne, repartant dans la tempête, je consens enfin à ouvrir la bouche.

_C'est une belle nuit...

Je ne prends pas la peine d'esquisser le moindre geste, écoutant toujours le crépitement de la pluie. Je la perçois bien, désormais. Mais comme les autres, ceux qui marchent çà et là. Sans aucun doute, ils sont venus prier. Brume à mon esprit, je les vois se déplacer dans une aura de fumée. D'un côté, les hommes, discutant de je ne sais quoi, le torse bombé pour impressionner. Et, de l'autre, les femmes, réunis en un cercle fermé, laissant échapper des petits rires, en se montrant du menton leurs hommes. Je les vois même, les enfants, jouant entre les bancs, courant, passant à travers les gros blocs de pierre qui se sont effondré depuis lors, bien après que cette scène ai eut lieu. Le prêtre aussi, qui se tient derrière un autel bien plus rutilant que ce que j'ai pu voir en entrant, bénir la foule en de larges gestes, avant de les inviter à venir s’asseoir, pour que la cérémonie puisse commencer. Ils se mettent en rang rapidement, avant de s'agenouiller aux pieds des bancs, là où Arkanisse et moi nous trouvons. Puis, le vieux prêtre au visage buriné ouvre enfin son épais grimoire, se lançant dans sa lecture après s'être raclé la gorge.

J'ouvre finalement les yeux, chassant du même coup la fumée et les souvenirs qui semblent me revenir bien pernicieusement dans cette chapelle. Je garde néanmoins la tête rejetée en arrière, posée sur le dossier du banc sur lequel je me suis avachi en entrant. Je reste ainsi un moment, avant d'enfin lui répondre, observant toujours les gravures qui s'épanouissent au plafond.

_Non, je... Je réfléchissais juste...
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Arkanisse

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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyVen 27 Avr - 15:51

Juste ma voix qui s’éparpille et se son écho s’évanouit sur les façades de Pierre. Il ne dort pas, il est plongé dans un halo de réminiscences qui le frappe de plein fouet. Il se mesure à son passé qui j’en suis certaine est bien chargé de souvenirs. A-t-il souffert ? A-t-il été heureux ? Ce sont des questions que je me pose, car, la joie, je ne peux la reconnaître, c’est une émotion qui m’est inconnue. Il y a bien de ces moments jubilatoires, mais est-ce la même chose qu’être enchanté ? Je n’ai jamais voulu ressentir ces instants, sans doutes, parce que mon enfance, ma vie d’avant n’était faite que de souffrance et tourment m’enjoignant bien plus que quelque chose de prospère.

Je n’attendrai ici, rien qu’une poignée de secondes avant de décider qu’il vaut mieux que je m’en aille. J’aimerais tant m’infiltrer dans sa tête, sonder ces songes, me perdre dans sa mémoire, ne serait-ce que pour me délecter de ce qu’il peut renvoyer en pensées. Je n’y peux rien, la pénitence, je m’en régale, le paroxysme, je m’en nourris. La douleur, elle m’inspire. Tout comme le font les étoiles depuis déjà bon nombres d’années.

Je pose mes yeux sur Daleck, et lui, reste là, impassible, s’imprégnant du lieu, j’arrive à percevoir les ombres qui dansent dans les ténèbres, aussi, je suppose que ce sont de ces êtres qu’il s’immerge. Son vécu, n’est autre que le résumé de son châtiment, j’en ai toutefois l’impression, même si je connais que peu de chose de lui. J’ai tant l’impression que nous sommes pratiquement semblables, que cela arrive à me prendre à la gorge. Jamais je n’ai connu quelqu’un comme lui en fait, je m’étais trompée, lorsque nous étions dans ce sanctuaire. Jamais, je n’ai rencontré quelqu’un comme lui, cette fois s’en est certitude.

Il finit par délier ses lèvres, une phrase que j’ai déjà entendue, cela me fait sourire, et tout comme lui à présent, je lève la tête, puis regarde le plafond. Il accepte enfin de me parler, ce qui j’imagine veut à proprement parlé dire que je ne suis pas obligée de me détourner de sa silhouette pour gravir la tempête qui arrive. Son air est grave ? Non, je dirais qu’il demeure songeur. Il réfléchit … Moi, j’essaie de le deviner.

« Est-il arrivé quelque chose d’important en ce lieu ? Saurais-tu me le dire Daleck ? Ou, t’es –tu donc réfugier ? Les pensées, sont là, pour que le souvenir persiste, malgré cela. Au fil du temps, elles finissent par s’évader, ne laissant que derrière elles, un brouillard dense et parfois douloureux. »

Je crois savoir ce qu’il peut ressentir. Bien que je n’ai pas connu autant de vie que lui, j’en suis à présent plus que certaine. Son visage est marqué par les cycles, bien que ses traits résistent à la roue du temps. Il est … Ce Guerrier qui jadis menait probablement ses troupes sur le front. Il est Daleck, cet homme qui autrefois a cru mourir, voyant défiler ses vies passées. C’est cette vision qui m’insuffle cette vérité. Il est possible que je me trompe après tout. Même si jamais les étoiles ne se méprennent.

Les yeux rivés sur les moulures, j’achève un mouvement de la tête.

« Ça représente quoi ces gravures ? Je ne suis qu’une inculte, pour tout ce qui concerne les divinités. »

Parce que je n’ai aucuns dieux, ou peut-être si, mais celui auquel je fais allusions est réputé pour faire périr la bonté. Moi ce en quoi je crois, ce sont, les Eléments, les Maîtres tout puissant, et leurs, nos propres croyances, les Etoiles …


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Daleck

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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptySam 28 Avr - 15:26

Immobile. Je le suis toujours, alors que mes yeux continuent à caresser les formes de la voûte, les gravures qui semblent s'étendre à perte de vue. Un œil peu averti, dans cette obscurité, n'aurait sans doute discerné que la forme principale. Mais pas moi. Malgré l'âge des lieux, la poussière, et les blocs de pierre qui se sont détachés, j'en devine encore les moindres détails, les moindres nuances. Elle brille, brûle même, à mes yeux. Je le vois, cet homme qui se dresse. Il est revêtu d'une simple tunique, et je devine sans mal que le graveur avait voulu la faire large, comme une robe. En vain. Elle est aussi usée que son pantalon, et ses pieds se sont effondrés, tout comme la moitié de sa face. Sa main gauche est remontée sur son torse, sur son cœur, tandis que son autre bras est tendu en avant, paume ouverte. Mais, il n'est pas seul. Moins prononcés dans la roche, d'autres hommes se tiennent. A première vue, on pourrait les croire être rassemblé pour un jour de fête : certains, de leurs bras, entoure le cou de leurs partenaires de danse, et d'autres encore semblent plaisanter, s'amuser, roulant au sol avec quelques personnes aimées. Est-ce bien le cas ? J'en doute, car, à moins que mon esprit divague à nouveau, je perçois de justesse, malgré ma vision aiguisée, la présence d'armes. Leurs visages reflètent-ils vraiment le bonheur ? J'aimerais pouvoir m'approcher, mais je sais déjà ce qu'elle représente, j'en ai déjà vu d'autre identique, il y a bien longtemps déjà. Ils ne rient pas, ils hurlent. Ils ne dansent pas, ils s'étranglent, se frappent. Ce n'est pas de vins qu'ils s'abreuvent, mais bien de sang, s'en répandant même sur leurs visages. Nulle vie ne s'échappe de ceux qui sont couchés, et, lorsque c'est le cas, leurs mains sont ramenés sur leurs ventres, tentant de circonscrire les flots d'hémoglobines et de tripes qui s'en écoulent. Il n'y en a que trois, à part celui qui se dresse en tunique, qui semblent échapper au conflit. Deux adultes, et un enfant. Chaque homme semble convergé vers eux, fuyant le géant. Est-ce donc cette entité pacifique qui les fait fuir ? Non, en plissant les yeux, je peux contempler l'épée qui semble flotter devant la main tendue d'Ayvenas. Car oui, c'est bien lui qui se trouve au milieu de ce sombre combat, gravé dans son propre temple. Mais, il n'y est pas représenté selon la forme de son culte actuel, mais bien de l'ancien, de celui que j'ai connu et prié, lorsque j'étais encore jeune. Depuis combien de temps les dépositaires de ces rites sont-ils retournés à la poussière, après le glacial baiser de la Dame ? J'ai l'impression que cela fait une éternité...

Encore une fois, ce sont les paroles d'Arkanisse qui me font revenir à la réalité. Plus encore, car c'est mots, je les connais, je les ressens, je les comprends. Elle a raison. Chaque jour, je les sens devenir lourd, de plus en plus, s'ajoutant à ma fatigue d'être, de demeurer. L’existence, je la haïs, plus que tout le reste je crois. Même la solitude, le silence. Avant, je les appréciais, me plongeant dedans avec plaisir. Mais, certains soirs, comme celui-ci, ils me pèsent, terriblement. Je les sens m'écraser, me faire ployer les épaules. C'est ce qui, autrefois était aimé, que j'ai tellement demandé, qui aujourd'hui me détruit, lorsque je retombe sur ce genre de lieux, de relique, qui sont tout aussi vieilles que moi. Ce poison, si agréable pourtant, qui me fait fuir, me cacher, alors que pourtant, je ne peux m'empêcher de le réclamer, de le désiré...

Je secoue finalement la tête, lorsque je lui réponds enfin. Encore une fois, j'ignore si je me suis égaré, et combien de temps il m'a fallu pour ouvrir la bouche. Le temps. Je doute en avoir la même notion que tout le monde, même si cela s'explique dans mon cas. Une seconde ? Une minute ? Ou bien dix ? Cela, elle seule peut le dire. Moi, je me contente de lui donner le change, sans y mettre bien d'effort, je dois l'avouer : je n'ai jamais été bien doué avec les mots, sans doute est-ce mieux alors.

_Important ? Je l'ignore. Il s'agit juste d'une vieille chapelle, comme tu t'en es rendu compte toi-même. Un de c'est vieux édifices, qui gardent les souvenirs, et les perpétues à travers le temps, à ceux qui savent écouter. Ferme les yeux, et inspire, inspire donc. Alors, tu comprendras, tu saisiras son essence, sa vieillesse...

J'observe encore pendant un instant la gravure, songeant à sa dernière question. Enfin, après ce qui me semble, à moi, un instant, je tourne lentement la tête vers elle, toujours avachi sur le banc, la tête calée contre le dossier. Ce n'est plus la pierre que je détail, que je dévisage, mais bien elle. Son profil, ses cheveux de feux, le coin de ses yeux. Songeur, j'enregistre dans mon esprit les moindres détails apparents, et ceux que je devine. Finalement, sans la quitter du regard, je reprends.

_Il est logique que tu ne saches pas ce que cette gravure représente. Peu, de nos jours, arrivent, ou arriveraient, à l'interpréter. Il s'agit d'une des batailles majeures de l'ancien culte d'Ayvenas, oublié depuis une éternité. D'après celui-ci, elle se déroulera lorsque les flots brûleront les entrailles du monde, et que les lances de feux tomberont des cieux. Et quand le sang des Hommes sera de cendre, se fondant en pierre, le vieux cor résonnera, appelant les survivants à la dernière grande guerre...

Enfin, je m'arrête. Et mes yeux, eux, demeurent posés sur elle...
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Arkanisse

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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyDim 29 Avr - 13:47

Je décèle en lui, un moindre sursaut lorsque je finis ma phrase, Il ne s’est pas perdu, il est juste entrain de revivre quelques chose. Sans doute, était-il présent dans les temps anciens. Si je laisse parle le vent qui s’infiltre aux travers des vitraux brisé, je peux entendre, des cris, je peux réussir à prendre leurs mots, qui jadis fût crié. Je n’ai jamais vraiment connu de guerre, mon Maître d’avant, à toujours réussis à me préserver, mais pourquoi ? Pourquoi en-a-t-il voulu ainsi ? Il a toujours su qui j’étais vraiment. Cela finalement, n’a aucun sens. Si un jour, j’arrive à le revoir, alors, je ne manquerai pas d’y poser cette question. Mes yeux observant toujours la gravure, j’y remarque des choses qui avant ne m’étaient pas apparues. Je détaille alors davantage ce plafond en y faisant courir mon regarde de part et d’autres. Il finit par me répondre, alors, rien qu’un instant, mon regard se pose sur les traits du Guerrier. Une poignée de secondes, car je reviens aux gravures.

Ses paroles, il m’intime d’inspirer, de ressentir l’endroit plus profondément encore que je ne l’ai fait auparavant, ce que je réalise tout simplement. Je ferme les yeux, prend une grande respiration, puis me laisse envahir par les émotions que me rapporte la chapelle. J’aime ce que j’y vois, j’aime ce que j’y entends. La douleur, le sang, la souffrance, les hurlements. La vieillesse aussi, oui, j’arrive à retenir le temps qui s’est échoué depuis lors. Mais alors, est-il aussi vieux que ceci ? J’en déduis que oui, il est cet Homme qui a traversé les âges. Comment cela est-il possible ? Il n’y a qu’une explication, et j’envie quelque peu ce qu’il est. Une question alors, m’effleure l’esprit. Est-il possible que la lassitude finalement nous englobe ? Las, d’avoir trop vécu ? Probablement … Je n’arrive cependant pas à imaginer que cela soit éventuel. Moi, qui vis de tout ce qui est sombre, comment pourrais-je ressentir cette même asthénie ? Être Damné, n’est-il pas la meilleure chose qu’il puisse arriver ?

A dire vrai, je ne peux connaitre la réponse, tant que je ne peux le vivre. Daleck, me sort de mes pensées, aussi j’ouvre les yeux, puis tourne la tête vers l’Homme.

« Une bataille dis-tu ? Oui, j’ai vu, ce que j’ai voulu trouver. Et donc, je suppose que cette bataille refera surface d’ici peu. Le monde tourne, les ères se succèdent, et bientôt, s’échoueront les derniers moments de notre Terre. Et toi, tu y résisteras … »

Je termine ma phrase dans un sourire oui, je l’admets, compatissant. Lui, et peut-être quelques autres, résisteront au cataclysme, arriveront à se retrouver, puis vivront quelques temps dans le néant. Jusqu’à ce qu’à nouveau, quelque chose vive, se transforme, puis fera à nouveau tourner l’univers. Jusqu’à ce qu’encore une fois, il s’oppose à sa vie, mais qui finalement, son éternité réfutera. Le laissant aux yeux d’un nouveau monde.

Pour l’heure, la question, je pense ne se pose même pas, mais qu’adviendra-t-il lorsque les années auront emporté encore une fois jalousement, ce à quoi il tient le plus ? Un éternel recommencement, qui probablement finira par prendre avec lui encore une partie de son être.
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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyMer 2 Mai - 21:11

Je la regarde, je l'observe. Je la détail, et je ne peux m'empêcher de me remémorer tout ce que nous avons vécu ensemble, depuis notre étrange rencontre. Depuis combien de temps, déjà ? Peu, je présume, et pourtant... Et pourtant, cette nuit semble s'étendre en une infinité d'autres, qui vont et viennent sans cesse. Cette scène , s'est-elle déjà déroulée dans un passé lointain, il y a plusieurs milliers d'années ? Y a-t-il déjà eu une autre Arkanisse, tout comme un autre moi, discutant en ce lieu? Sans doute... Peut-être même ont-ils prononcé exactement les mêmes mots. Alors, à quoi bon se battre, à quoi bon lutter, avancer, si tout cela est déjà décidé d'avance. Est-ce ce qu'on nomme le destin ? Je l'ignore. J'ai déjà entendu de nombreuses personnes parlées de choix, censé modifier notre vie, notre existence. Liberté, ou ceux-ci ne sont-ils encore une fois que les simples et mêmes actions qui se répètent, devenu anodines au fil du temps. En chacune de mes vies, à chaque ère, ai-je donc fait les mêmes erreurs, les mêmes sacrifices ? Les regrets sont le lot des faibles, je le sais, mais je ne peut m'empêcher de me demander, si tout les plaisirs que j'ai gagné, valent-ils finalement le coût de la moindre chose que j'ai perdu. En un sens, c'est bien par curiosité que j'aimerais savoir ce que je serais devenu si, au seuil de ma vie, j'aurais ouvert une autre porte. J'imagine aisément que ça ne pourrait que me faire souffrir, mais non d'une souffrance agréable, dont on rit quelques années après. Pourtant, si le choix m'était donné, je crois que je prendrais les mêmes décisions. Peut-être pas de gaieté de cœur, ça non, mais mes choix ne changeraient pas. Non par plaisir, mais il faut bien que quelqu'un le fasse, que quelqu'un fasse ce qui est nécessaire par moments. Non pour la gloire, non pour la fortune, mais pour les autres. Et tant pis s'il perd tout dans cette entreprise... Cela me fait penser à cette vieille histoire, qu'on me racontait souvent lorsque j'étais jeune. Aujourd'hui, je ne m'en souviens guère, si ce n'est une phrase, une seule phrase, qui est restée gravé dans mon esprit, depuis le temps. La mort est plus légère qu'une plume, le devoir plus lourd qu'une montagne.

Enfin, ses paroles percent dans mon esprit, et me tirent de ma léthargie. Elle a le mérite de savoir me tirer de ce genre de pensées, qui me prend de plus en plus souvent ces temps-ci. Elles se glissent dans mes rêves éveillés sans mal, me tourmentent jour comme nuit. Elles s'infiltrent en moi à chaque instant où je faiblis, où je laisse mon esprit divagué. Véritable serpent tapis dans l'ombre, qui s'apprête à bondir, elles se transforment ensuite en sangsue, assoiffées de souvenirs, qui ne me lâcheraient pour rien au monde. Heureusement, il y en a qui arrivent à m'en défaire, à les chasser un temps, pour que je puisse me détendre, et oublier.

C'est mon rire, qui ébranle le silence ambiant, qui se fait entendre en tout premier. Non qu'elle ait dit la moindre chose de drôle, bien au contraire, mais je ne peux m'empêcher d'en rire. Un enfant de mon temps aurait rit, sans nul doute. Et c'est là que je vois le pas, le fossé, le précipice même, qui nous sépare. Car même si elle devient comme moi, elle ne pourra jamais le devenir totalement. Entendre les choses, ce n'est pas comme les voir sois-même, les toucher, les sentir...

_Y résister ? Ni moi, ni toi, ni qui que ce soit. Car, selon l'ancien culte, cela marquera la fin de cette ère, de ce temps, de cette longue vie. Et rien ne peut donc survivre au-delà, car tout recommencera de nos cendres...

Je m'arrête, avant d'en dire trop, avant de l'informer de ce que je pense, sur ce culte. Car, cette fin du monde, comme elle y est décrite, je ne l’accueillerais pas comme tout le monde, bien au contraire. Être franc ? Je ne sais pas, mais je lui dois bien ça, de lui dire la réelle raison de ma venue en ce lieu.

_Non, la vérité...

Je la quitte enfin du regard, mes yeux remontant une énième fois sur la voûte. Ils s'y ferment à nouveau.

_La vérité... La vérité, c'est que je suis fatigué... Si fatigué...
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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyVen 4 Mai - 8:14

Il met à nouveau un certain avant de me répondre, j’en ai pris l’habitude maintenant. En cette nuit qui s’avance, il en sera toujours ainsi, il est pris dans ses songes, mais ce rends-t-il compte que ses pensées l’emprisonnent. Un Passé révolu qui n’a plus lieu d’être, bien que finalement tout reste éternel recommencement. Moi je n’ai sans doutes pas la moitié de son vécu, cependant, j’en ai connu qui comme lui, donne l’impression qu’ils vont tout abandonner. A quoi Bon, Il n’en aura rien de plus. Par contre, s’il veut la liberté, alors, je serais capable de la lui donner, même si pour cela je devrais atteindre son cœur de plein fouet avec ma dague, ou avec autre chose. J’ai appris avec mon Maître l’art de briser ce qui nous affaiblis, mais lui ? Daleck, son odeur est celle de la Mélancolie. Et avant qu’il ne plonge trop loin, qu’il s’égare davantage, trop loin de son propre sillon… Serait-il possible qu’il sache revenir ? Je ne le connais pas assez pour certifier une telle chose.

« Ne te laisse pas envahir par ce qui fut Daleck, prendrais-tu le risque de ne jamais plus revenir ? Quoi que tu sois, qui que tu sois, tu as été, et tu es ce qui te définis aujourd’hui. De ton vécu, transparait ce qui à jamais te portera bien au-delà de ce monde. Nous ne sommes pas grand-chose, mis à part serviteur d’une cause, même si celle-ci est enfouie dans le plus profond de notre être. Cela ne saura changer l’avenir. »

Oui, parce qu’au final nous demeurons seuls. Du moins jusqu’à ce qu’enfin, quelque chose se révèle à notre vue. Et cette chose-là, nous portera ou elle veut que nous nous dirigions, malgré tout, je peux dire qu’il ne s’agit pas forcément d’une destinée propre. Nous sommes tous voué à disparaître. Mais avant cela il nous faudra effectuer diverses tâches. Je sais que je ne pourrai résister aux affres du temps, lorsque celui-ci se détériorera. Je n’ai pas peur de disparaître. Car quelque part l’on m’attend. C’est le revers de la médaille ? Non, être Damné, ne signifie pas être redevable de quelque chose, c’est juste comment moi j’ai décidé de finir. C’est juste là ou d’ici quelques lunes je n’aurai guère d’autre choix que de bifurquer sur mon passage, pour me laisser emporter par les vagues qui enfin me mèneront là où je suis attendue.

Les Ténèbres … Ou tout peut se révéler possible.

« Eh bien si cela arrive, je serais honorée de laisser mes cendres parfaire l’obscurité, ou bien même le recommencement, ce sera mon héritage si je puis dire. Il en sera de même pour toi non ? Tu as marqué de ton essence cette ère, et de ce que tu lègues, quelque chose d’autre naîtra. C ?est ainsi que je vois les choses. »

Il finit par me quitter des yeux, ils les reposent sur la voûte, et puis presque susurrée dans un murmure je peux entendre ses dernières paroles.

« Il est normal que tu le sois, il y un poids énorme sur tes épaules Daleck, il en tient qu’à toi de pouvoir l’alléger. »

A l’extérieur la Tempête gagne en force, le vent s’insinue bien plus profondément à l’intérieur des ruines. Je tends le visage puis réceptionne le vent avec complicité. Il vient, pour nous parler. Il vient pour laisser sa trace sur nos chairs.

« L’entends-tu le vent ? L’entends-tu te parler Daleck ? Tends l’oreille, et dans un son te convenant te fredonnera cette douce mélodie. Laisse-le t’emporter là, ou autre chose s’ouvre à toi. Tu ne seras pas déçu. »

Ensuite viendra la pluie, elle aussi, elle apposera son empreinte sur la peau du Guerrier.

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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyJeu 10 Mai - 21:12

J'attends. Encore et encore. Je la laisse déverser son flot de paroles, sans même prendre la peine de lui répondre, pensif. A quoi bon de toute façon, comment lui expliquer ? Elle ne peut pas comprendre ce sentiment, cette mélancolie, j'en suis persuadé. Il faut dire que, moi-même, je ne saisis pas totalement la notion. Qui le pourrait, après tout : personne n'est éternel, et mille éternités ne suffiraient pas, de toute façon. Cette résignation, ce néant, qui m'absorbe petit à petit, m'effaçant de ce monde, déjà bien vieux, qui souffre autant que moi. Plus lentement que le commun des mortels, il est vrai, mais l'immortalité n'existe pas, et malgré ce que je suis, je sens les années commençaient à peser, à m'écraser sans mal. Tout homme à une dette à payer, un jour ou l'autre, pour les privilèges et bonheurs auxquels il a goûté. Je réglerais la mienne dans le Silence infini. J'y suis prêt. Mais je ne partirais pas sans me battre, car mon rôle ici n'est peut-être pas terminé, comme elle le dit. Après tout, aucune cause n'est perdu, tant qu'il y a quelqu'un pour croire en elle...

Je l'écoute néanmoins, et, me prêtant au jeux, je tend l'oreille, comme elle le demande. Le vent. Je l'entends aussi, je l'ai toujours entendu. Étrangement, c'est sans doute lui qui change le moins. Oh, bien sûr, il sait se montrer violent, entêté, tyrannique même, ou faire preuve d'une grisante douceur. Mais, malgré ses multiples facettes, il est toujours là, présent, cet ancien compagnon, qui se tient toujours sur la longue route, parfois pour nous soutenir et nous porter lorsque le besoin se fait sentir, ou au contraire pour nous empêcher d’avancer, de la continuer. Sans aspect, il ne demeure jamais au même endroit, contrairement aux étoiles. Mais, alors que celles-ci rient ensemble, lui reste seul, encore et toujours, ultime aventurier sans âge, parcourant ce monde de long en large. Et, sa mélancolie, je l'entends. Il l'engouffre par les vitraux brisés pour me la chanter. Non pour pleurer, ou même se moquer de la mienne, bien piètre face à son destin, mais simplement pour constater, de ce genre de déduction propre aux sages millénaires, qui voient le monde d'un autre œil, bien neutre. Je ne peux m'empêcher d'en être honteux, réaction puérile que je croyais avoir oubliée depuis bien longtemps, destiné aux enfants pris en faute...

_Je l'entends chanter, mais je doute qu'il nous raconte la même chose, à t'entendre. Nous sommes en froid, il se plaît à me tourmenter, ou l'inverse, je l'ignore, ça fait tant de temps... Sans doute est-ce les deux à la fois...

Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un petit rire, à moitié étouffé par ma position. Ma tête redescend, et je songe enfin au reste de ses paroles. C'est un nouveau rire qui perce le silence, mais celui-ci n'a rien de joyeux, bien au contraire. Sombre, noir, je crois que c'est ainsi qu'on pourrait le décrire...

_Allons Arkanisse, ne soit pas si naïve...

Enfin, après une éternité, je consens enfin à me lever, me tirant par là même de ma prostration. Sans rien ajouter, je me laisse glisser sans bruit jusqu'à l'autel, qui ne se trouve qu'a quelques pas de nous. Le silence demeure, mes bottes ne claquent point sur le dallage. Je n'y prête guère d'attention, après tout, cette capacité à la furtivité est le commun que je partage avec mes semblables, s'il en reste encore plus de quelques-uns, du moins. Pourtant, je sais que certains vendraient leurs âmes pour cela, pour en avoir le don. Ils ne sauraient pas quelle mauvaise affaire ils feraient. Contre un bon repas par jour, par contre... Ou même la chance d'enlever ce goût de cendre, dans la bouche. Juste une fois au moins. Avoir le plaisir de ressentir toutes ces saveurs perdus, que j'ai oublié depuis le temps, et qui se font si rare à surgir. Quand elles daignent se montrer...

Mes doigts effleurent les formes gravées, maintenant gorgés de poussière, dévoré par les ans. Autrefois œuvre d'art, tout n'est plus que ruine. Les bougies, déposées sur les bords, sans doute par quelques voyageurs s'étant reposés une nuit dans ce lieu, ne semblent guère ancienne, mais commence déjà à être rongé, d'un dureté de pierre.

J'applique mon pouce contre la cire qui a coulé, et c'est solidifié, dégageant petit à petit le pied d'une bougie, en laissant autour plusieurs copeaux, qui, de toute façon, n'aurait jamais dû être là. Pourquoi je fais cela ? Je l'ignore, j'agis sans savoir, à l’instinct...

_Crois-tu vraiment que nous léguons un héritage à ce monde ? Peut-être pendant quelques mois ou années. Génération pour les seigneurs, et siècle pour les mythes. Je pourrais t'en citer des êtres de légendes de mon temps. Eux aussi, désiraient faire un legs, et, d'après les récits, ils avaient passé leur vie à cela. Oh... Ce n'est pas une critique, bien au contraire, je les respect pour ça...

Mes ongles continuent à déchiqueter la cire qui repose sur la pierre, et, du dos de la main, je repousse les déchets au loin, avant de m'attaquer au pied de la bougie, d'une terrible et absurde frénésie, comme si mon sort en dépendait.

_Il n'en est pas moins que, comme tous, ils sont tombé dans l'oubli. Qui, aujourd'hui encore se souvient de Graun, Dreiw, Edyrd, Aseviel, ou encore Salka ? Ne t'y trompe pas, au final, nous sommes tous avalés par le Néant, dans le Silence Éternel. Personne ne le veut, bien sûr, pas même moi. Mais nier l'évidence n'y changera rien. C'est ainsi.

Et, du doigt, je pousse finalement la bougie, qui tombe au sol, explosant en éclats dans le silence. A mon esprit, c'est le fracas d'un coup de tonnerre qui se fait entendre
.
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MessageSujet: Re: [Fermer] Philosophie de mort   [Fermer] Philosophie de mort EmptyVen 18 Mai - 14:29

Je suis consciente que ce que j’avance, ne peux être que bla bla peu temporel, par rapport à ce que lui croit. Il en a toujours été ainsi. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu affaire à ce genre de personnes qui ont leurs propres croyances. Ils croient ce en quoi ils ont été maniés depuis leur plus tendre enfance, parfois en cours de route, ils se sont rendu compte que finalement, ils avaient devant eux un autre prophète, et que celui-ci détenait une autre vérité qui leur convenait mieux. Dans ce que Daleck veut bien me montrer, je perçois, qu’il a sa position, et que lui est différent de moi. Ce qui le ronge, est un mal que je ne peux substituer, parce que cela lui a peut-être été imposé, et au lieu de se rebiffer contre certains principes, il préfère laisser agir ses sentiments personnels. Qui peut lui en vouloir ?

Quant au vent, bien sûr qu’il lui parle, malgré cela, il préfère peut-être faire la sourde oreille. Ou alors, il ne veut pas écouter ce qui pourrait s’ouvrir à lui ! Si encore un peu, il s’avance, et ressent le vent comme lui essaie de le percer, alors, c’est sans nul doute qu’il peut toucher du doigt ce qui peut- être lui est encore invisible. Je ne vais pas chercher à le convertir, et à lui ouvrir les portes d’un autre temple. Sait-il seulement ce qui lui échappe ? J’en doute. Cela me fait sourire car il serait étonné de découvrir ce monde tel qu’il peut être.

« En effet Daleck, ce que le vent me souffle, est grisant, et de plus, bien plus véridique que la plupart de ce que l’on peut entendre de la bouche d’un soi-disant sage. Ne t’es-tu jamais demandé pourquoi le vent s’amusait à te tourmenter ? L’as-tu seulement écouté se plaindre ? Se déchaîner, t’expliquer pourquoi il peut être ainsi ? Je ne le crois pas et cela t’appartient. »

Il lâche un rire dans le silence du temple. Je pourrais en faire autant. Le même rire sombre et caverneux, seulement, j’en décide autrement. Et puis la naïveté. Cela aussi on me l’a souvent sorti. Qui de plus naïf que celui qui croit éperdument qu’il n’a pas tort ? Là peut être la question. Et puis, l’obscurité, n’est-elle pas faite pour parfaire tout ce qui touche à la souffrance ?

« Je ne suis pas naïve Daleck, cela est ma vérité. Je pourrais même te le prouver s’il le fallait. »

De mes yeux, j’ai vu les mondes changer, j’ai vu les fratries s’étioler, j’ai vu aussi l’autre monde. De par le regard d’un mort, j’ai pu percer les ombres s’allongeant au fil des années qui s’écoulent. De mon corps j’ai pu ressentir les éloquences des Maîtres. Tout ceci est ma véracité. Cependant, je le conçois, ceci ne peut être donné à n’importe qui. Il a les capacités de les percevoir, ce Guerrier peut les percevoir.

D’un lent mouvement, il se lève, quitte son cocon pour se diriger vers l’autel. De mes yeux, je le suis, regarde attentivement le moindre de ses faits et gestes. Il s’attaque à une bougie bien éculée par le temps. Et puis commence à défaire la cire qui est certainement restée collé depuis quelque temps. Cela me laisse perplexe, malgré tout un sourire se dessine sur le coin de mes lèvres.

« Oui, nous laissons un héritage, du moins pour ceux qui par les mêmes idées sont baignées, cela m’est suffisant. Les grimoires que l’ont peu laissé choir sur le coin d’un table, trouverons toujours preneurs, je peux te l’assurer, même si pour se faire, il faut placer un sceau sur l’ouvrage puis une marque, gravé a même la chair d’un préposé pour qu’un jour l’appel se fasse et ne peut être ignoré. Ainsi, il trouvera ce qui lui est dû. Puis de ses obsessions naitra une force, le poussant à toujours en savoir davantage. Jusqu’à ce que pour finir, il trouve une partie de ses vérités. Le monde est ainsi fait.»

Pour faire suite à ce qu’il dit, je décide de me lever à mon tour pour le rejoindre. Je l’observe, encore et toujours, ce besoin qu’il a de s’acharner sur cette bougie, me donne l’envie de l’interrompre dans son labeur.

« Toi tu ne les a pas oublié. Est-ce indispensable que la moindre parcelle de ce continent sache qui ils étaient ? Je n’en suis pas convainque. Il n’y a pas d’évidence Daleck.»

Finalement, quand il parvient é dégager la bougie dans son entier, d’un doigt, il la pousse, elle va choir au sol, et moi, je décide qu’il n’en sera pas ainsi. Alors, je murmure une incantation, puis arrête sa course avant qu’elle ne touche le sol, elle est là en suspens immobilisée dans le temps. Un bruit résonne, et fait écho contre les parois du temple en ruine. Le Tonnerre, et je souris davantage.

« La partie n’est pas terminée Daleck, vois, comme les choses peuvent se montrer sous un autre angle. Dans mon éternité, Je ne pourrai t’oublier, et ce sera ton lègue. A qui vas-tu enseigner ton savoir Daleck ? A qui vas-tu enseigner, ces noms qui malgré le temps ne pourront s’effacer, parce que toi jamais tu ne les oublieras, même lorsque le monde d’ici ne sera que désolation ? A qui ? »

J’interromps mon sort, puis la bougie finit à Terre. Dans le même élan que précédemment elle allait. Maintenant, elle se brise. Arrêter le temps, puis ensuite le laisser finir sa course folle. A présent, la pluie s’infiltre à l’intérieur de la chapelle, les gouttes se font espiègles, et s’acharne avec opulence sur les joues du Guerrier.



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