La cour des miracles
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Bonjour aventurier, et bienvenue dans la cour des miracles. Viens deguster notre hydromel, trouver un objet convoité ou faire des rencontres en ces lieux de débauche...
 
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 [BG] Daleck

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Daleck

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MessageSujet: [BG] Daleck   [BG] Daleck EmptyLun 20 Fév - 18:09

That which doesn't kill us makes us stronger
F.Nietzsche









Lieu : inconnu
Jour/année : inconnu


L'homme se réveilla en sursaut, le souffle court. Encore ce rêve, ce sentiment d'oppression, toujours omniprésent. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il le revoyait sans cesse, chaque soir, chaque nuit. Chaque fois qu'il relâchait son emprise sur son esprit, et que celui-ci vagabondait au gré de ses envies, le rêve revenait. Mais, était-ce vraiment un rêve ? Rêve, cauchemar, peu importait. Cela passerait avec un peu de repos. Et le repos, il aurait bien le temps d'y songer lorsqu'il reposerait en terre. Il devait se soucier de choses beaucoup plus importantes pour l'instant.

Sept mille hommes. Sept mille guerriers surentraînés. Une troupe. Non, une véritable petite armée d'élite, qui n'hésiterait pas à endurer les morsures du froid, la faim, la maladie, et même la mort pour plonger au cœur d'une nouvelle bataille, d'une nouvelle guerre. Pour se repaître du sang de leurs ennemis. Sept mille véritables machines à tuer, toujours capable de se battre alors que les flèches pleuvent sur eux, de rire avec un pique dans le flanc et de chanter avec une épée sous la gorge. Sept milles soldats, avec leurs lames courbes, et leurs armures faites de plaques d'acier les recouvrant de part en part. Sept mille hommes à abattre, avec moins de la moitié de leurs effectifs, un véritable mur de fer à pulvériser pour espérer vivre, et quitter cette satanée gorge. Ils les avaient acculés dans une véritable impasse de roche et de glace, les pourchassant de jour comme de nuit. Puis, ils s'étaient positionner en contrebas, à quelques lieux, attendant l'aube fatidique avant de lancer la dernière charge. Il aurait bientôt l’occasion de songer à son rêve lorsqu'il recevrait le baiser de la Dame Sombre.

Secouant les épaules, il se releva. La Mort aurait à attendre : comme tout ses hommes, il comptait mériter sa place à ses côtés, c'est à dire mourir l'arme à la main, dans un combat perdu d'avance, mais en emportant autant d'ennemis avec lui que possible lorsqu'il pousserait son dernier râle. Le Grand Voyage était bien silencieux lorsqu'on le faisait seul, et il apprécierait un peu de compagnie sur ce chemin : de l'autre côté, tous étaient frères.

Il enfila rapidement un pantalon. Le feu était mort depuis bien longtemps, et il entendait à l'extérieur le vent et la neige qui frappaient les pans de la tente. Mais il n'avait pas à se plaindre : dehors, les sentinelles, emmaillotés dans le peu qu'ils avaient pu garder en fuyant à travers les montagnes, guettant la sortie de la gorge, pataugeaient dans la neige.

Traînant les pieds, il se dirigea vers le morceau de miroir brisé, pendu au piquet central de sa tente : avoir un bon grade permettait ce peu de confort. Se plantant devant la glace, il s'observa un long moment. Ses longs cheveux noirs corbeaux pendaient jusque sous ses épaules, lui encadrant le visage. Ses yeux gris avaient auparavant fait tourner la tête de certaines femmes, mais il était bien loin de cela aujourd'hui. A vrai dire, pensa-t-il, avec les cernes qu'il avait, à cause du manque de sommeil, leurs têtes leur auraient tourné aussi, mais pas pour la même raison : on l'aurait vue sortir d'un tombeau ou d'un mausolée, qu'on n'aurait pas été le moins du monde surpris, si ce n'est par l'aspect du reste de son corps. Aussi éprouvant que furent les jours précédents, il avait gardé une certaine forme physique. Manier les armes avait au moins l'effet d'entretenir le corps, même si cela permettait aussi d'hériter de quelques cicatrices. Heureusement, aucune n'avait endommagé les tatouages qu'il portait. L'aigle qui prenait son envol dans son dos, les ailes remontant jusqu'aux épaules semblait toujours aussi vivant, il en était sûr. Tout comme le scorpion qui s'était enroulé autour de son bras gauche, et le loup hurlant à la mort qui avait pris possession du bras droit. Trois symboles, trois serments, à ne jamais enfreindre quoiqu'il advienne.

Plongeant la tête dans la cuvette d'eau pour chasser les cernes, il enfila l'épais gilet de laine avant de mettre sa cotte de mailles par-dessus. Dans le froid, rien n'était pire que le frottement de l'acier contre sa peau. Pour un peu, il ne regrettait presque pas d'avoir laissé sa cuirasse dans les bâts des berhus. De toute façon, ceux-ci étaient sans doute morts à ce jour, que ce soit par les loups ou les mains ennemis. Tout comme ceux qui était en charge de les guider à travers les montagnes...

Il secoua une nouvelle fois la tête. Ne jamais regretter, toujours avancer. Passant son baudrier par-dessus son épaule, il dégaina un court instant son épée aux ciselures d'argent, sur la garde et la lame, pour s'assurer que le froid ne l'avait pas gelé à l'intérieur de son fourreau : elle allait bientôt servir, et le sang glisserait bientôt le long des gracieux motifs. Puis, rabattant de la main un pan de la tente, il sortit. Bien qu'il neigeait toujours, on pouvait voir que la lune était encore haute dans le ciel. L'aube ne se lèverait pas avant longtemps, mais il se sentait apaisé : l'étreinte de la peur, contrairement à beaucoup, ne l'avait jamais affecté outre mesure. Sa vie n'avait jamais été un long fleuve tranquille, mais une rivière déchaînée un jour de crue. On pouvait toujours s'accrocher à un branchage pour résister aux flots du destin, mais lui se servait de cette branche comme appuie pour se projeter plus avant encore. On ne pouvait choisir son destin, aussi bien qu'on ne pouvait l'altérer, mais on pouvait, dans une moindre mesure, essayer de le guider tant bien que mal.

Saluant l'homme accroupit sur ses talons qui l'observait non loin en aiguisant son arme, il hocha la tête, répondant à sa question muette, avant de gravir d'un pas lourd la petite pente, vers la tente la plus grande du camp. Elle avait été installé sur une proéminence rocheuse, au-dessus des autres. Aucun étendard n'avait été dresser : quand bien même ce fut fait, les vents violent l'auraient arraché bien assez tôt.

Redressant les épaules, il ouvrit en grand le rabat avant d'entrer. Montés sur des trépieds, quatre braseros étaient installé au coin d'une table, faite principalement d'assemblages de bois divers récupérés çà et là. Sur celle-ci, trônait une immense carte de plus de deux mètres trente sur un mètre, représentant l'ensemble de la région en détail. Des carrées de couleurs noires représentaient leurs positions sécurisées, principalement des ruines où une troupe conséquente s'était calfeutré, tandis que les triangles représentaient les hommes en mouvements. La symbolique était la même pour les forces adverses, hormis leurs couleurs qui étaient blanches, et celle-ci était bien plus fréquente, et, positionnée sur la plupart des points stratégiques.

_Daleck.

Les quatre hommes présents dans la tente à son arrivée s'était redressé, le poing fermé venant se poster contre leurs cœurs. Il n'aimait pas ce salut, mais il avait été impossible à leur faire entendre raison. En général, il arrivait à s'y faire, mais pas avec eux, tous d'anciens frères d'armes qui l'avaient vu se transformer d'enfant qui ne se rasait pas plus d'une fois par semaine, à celui d'homme barbu, capable de se battre une journée entière, de chevaucher la nuit suivante, et de se battre encore et encore lorsque le soleil se levait à nouveau. Le quatrième, par contre, ce jeune fils de noble pompeux, il l'aurait bien rejeté à l'extérieur à coups de bottes dans le derrière. Ce n'était pas sa position sociale, ou même sa richesse qui l'irritait, mais bien son incompétence et sa propension à discuté les ordres et à nier l'indéniable.

D'un simple signe de tête, il leur fit signe de parler, ce fut le plus grand, un homme assez âgé pour être son grand-père, mais aussi fort pour se battre à mains nues contre un ours, et triompher, qui prit la parole.

_Ils se sont installés derrière une élévation du terrain, bien plus proche qu'on ne le croyait. Heirin est presque tombé sur une de leurs sentinelles avant de se rendre compte de leur présence. D'après ce qu'il disait, il aurait fait trois pas de plus qu'il se serrait embrocher lui-même sur leurs lances. Sinon... Ils sont bien sept mille environ : à deux cents près, cela ne fait pas beaucoup de différence je présume. Il semblerait aussi qu'il chante pour se détendre, ajouta-t-il après un instant, nous ne sommes qu'une guêpe qui bourdonne pour eux, qu'ils vont bientôt écraser avec leurs pouces.

Le visage fière, le ton toujours aussi pompeux que lorsque les relations de son père l'avait muté ici, le jeune homme, ne pu s'empêcher de commenter :

_Weiman, vous êtes un imbécile : Heirin n'est qu'un vieux fou, et borgne en plus. Je ne lui confierais même pas dix vaches, il serait capable d'en perdre la moitié avec son œil, et croire que je lui en ai donné vingt... S'il dit qu'il y en a autant, ils ne doivent pas être beaucoup plus nombreux que nous, sinon moins.

Daleck continua à observer les cartes sans rien dire. Une guêpe, c'était bien ce qu'il avait dit ? Un vieux fou ? Écraser avec le pouce ? Il se redressa de toute sa hauteur, faisant taire toutes paroles autour de lui.

_Un vieux fou ? Peut-être qu'il l'est, mais il avait déjà tué plus d'hommes que tu n'en verras dans ta vie alors que ton foutu père n'avait encore jamais songé aux cuisses de ta mère, si ce n'est même d'une femme.

Il se tourna vers les trois autres : il avait enfin réussi à saisir cette branche pour se propulser dans les courants. Quant à savoir s'il en sortirait déchiqueté ou non, c'était une autre histoire.

_Une guêpe, hein ? On va aller les piquer dans l’œil, et faire remonter le dard jusqu'à leurs cervelles. Prévenez les hommes, seller les cheveux. Dans un quart d'heure, nous serons en route. Dans un quart d'heure, nous chevaucherons. Dans un quart d'heure, nous chargerons... Dans un quart d'heure, nous irons offrir une danse à la Mort : ne soyez pas en retard, la Dame Sombre n'aime pas attendre.

Sans attendre la moindre réponse, il sortit. Bientôt, les quatre le suivirent à l'extérieur, se dispersant à travers le camp. Au milieu de l'effervescence, il se dirigea tranquillement vers les chevaux. Sans même s'occuper de sa tente, il détacha son hongre noir, l'emmenant sur la route, tout en chassant la neige qui s'était déposé sur la selle : aucun n'avait pris la peine de les desseller sous le coup de la fatigue. Simplement, il passa un pied à l'étrier et se hissa sur Taishair, lui flattant l'encolure avec douceur, chuchotant des mots à son intention. Puis, subitement, il dégaina son arme, la levant au-dessus de sa tête, pointant le ciel. Restant immobile, tandis que d'autres s'activaient toujours dans le camp. La neige commença à se poser sur ses épaules, pour ne plus en glisser, mais, peu à peu chaque homme se joignit à lui, se postant en silence derrière, leurs armes non pointées vers le ciel, seulement posé sur leurs genoux. Pareil à une statue, il resta immobile, nullement gêner par la neige qui s'accrochait à ses sourcils, égrenant lentement les minutes dans ses pensées en écoutant le tumulte derrière lui. Puis, ce fut le silence. Il baissa le bras, et fit pivoter Taishair. Tous lui faisaient face, mais ce n'était pas la peur qui se lisait sur leurs visages, mais bien l’exaltation... Et même le plaisir !

_Compagnons... Mes frères... Depuis trop longtemps, nous courrons. Depuis trop longtemps, nous sommes resté en retrait. Là-bas, nos ennemis se gaussent de nous, nous chassant comme des chiens ! Est-ce ce que vous êtes ? Mes frères, êtes-vous des chiens qui rampent dans la montagne, la peur au ventre ?

Un murmure d'indignation parcourut la foule, mais il les laissa faire un instant, laissant la colère enfler en eux, avant de lever la main, le poing fermé, pour réclamer le silence.

_Non mes frères, nous ne sommes pas des chiens, nous sommes des loups ! Assez de fuir ! Ce soir, que la meute parte en chasse ! Allons danser autour des feux de joie qu'allumera la Dame Sombre pour nous, et gare à quiconque l'approchera, c'est moi, et moi seul, qui aura son premier baiser !

Les hommes rirent de bon cœur, les chevaux commençant à piaffer.

_Chevauchez ! Jusqu'à ce que l'aube se lève ! Que pas un n'en réchappe ! Noyez-les dans leurs propres sangs ! Agitez les lances de feu ! Sonnez les cors ! Faites trembler le sol sous vos pieds ! Je veux que la montagne s'écroule sous nos pas ! Je veux que les éléments se déchaînent ! Je veux le sang ! Je veux la mort ! Sang et Mort ! Mes frères, faites-vous entendre ! Sang et Mort ! Vaah'al Calehei !

Alors, le premier cor se fit entendre, bientôt suivit par un second, puis un troisième. Les hommes se mirent à frapper de leurs armes sur leurs boucliers, les autres agitant les lances vers le ciel en hurlant, faisant taper du pied leurs chevaux. Les bannières furent hissées en claquant dans le vent, tenant bon. Les hurlements en vinrent à éclipser la tempête, tous reprenant l'antique cri :

_Sang et Mort ! Vaah'al Calehei !

Et alors, faisant pivoter sa monture, il leva une nouvelle fois l'arme qui étincela au milieu de la nuit, et, talonnant leurs montures, ils s'élancèrent dans la gorge, en contre-bas, faisant trembler le sol sous leurs pieds, s'écrouler la montagne à leurs passages, et déchaînant les éléments...


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MessageSujet: Chapitre II   [BG] Daleck EmptyLun 20 Fév - 18:11

Lieu : inconnu
Date : inconnue


L'homme marchait d'un pas pressé, la torche à la main. Il portait une cotte de mailles, la tunique des gardes de nuit passer par-dessus, l'épée à la ceinture, tandis que le heaume lui cachait totalement le visage. Les couloirs des cachots s'étendaient à perte de vue devant lui, mais il savait où chercher. Qui chercher. Le condamné à mort. Il savait qu'il était ici, au sous-sol, dans une des cellules. Il allait sûrement être exécuté le lendemain, les chefs d'accusation étaient bien plus que suffisant après tout. La corde, ou la hache ? Sûrement la dernière, pensa-t-il, beaucoup plus festif.

Posant sa main le long du mur, il descendit précautionneusement les escaliers. Ici, ce n'était même plus des pierres qui composaient le sol, ou qui le jonchaient, les bâtisseurs n'avaient pas pris cette peine. La terre, humide, boueuse même, était parcouru de rats, qui, parfois, s'insinuaient sous les barres métalliques rouillées composant les cellules, s'attaquant férocement aux pieds dénudés et crasseux de leurs pensionnaires. La lumière était dispensée uniquement par les torches, une accrochée le long de chaque arcade qu'il franchissait. Aussi, d'étroites fentes avaient été taillé contre le plafond. Elles donnaient sur l'extérieur, le niveau du sol, et, lorsqu'il avait plu, comme les derniers jours, l'eau ruisselait à l'intérieur des couloirs. Les fentes étaient bien trop courtes et hautes pour permettre une évasion, mais suffisaient pour laisser de fines raies de lumières venir éclairer les barreaux, et pour charrier l'odeur exécrable venant de l'extérieur. Car c'était au-dehors, à quelques mètres, qu'avait été creuser la fosse commune, où reposait maintenant les corps des exécutés, mais aussi de tous ceux dont les proches n'avait pu payer un enterrement décent. Et, non loin encore, sur une petite butte, avait été dresser une immense poutre, à quelques mètres de haut, où, les hommes ayant entrepris de s'évader avaient été clouer par les mains, la tête offerte aux corbeaux, alors que leurs jambes s'agitaient bien souvent encore dans le néant. Entrer ici n'était pas un problème, c'était bien d'en sortir qui était difficile, et plus encore, d'en sortir vivant.

Il accéléra le pas, sous les regards terrifiés des quelques prisonniers qui arrivaient encore à lever les yeux du sol crasseux où ils reposaient. Il était pentu, descendant dans les entrailles de la terre, et, peu à peu, plus aucune torche ne brillait là où le menaient ses pas. Il approchait, il le savait.

Lentement, il commença à égrener le nombre de portes de cellule devant lesquelles il passait : les barreaux avaient été remplacé par de lourdes portes de bois, d'où, parfois, s'échappaient pleures et lamentations. De longues minutes passèrent, avant qu'il s'arrête : le couloir après de nombreux tours et détours, c'était finalement arrêté. Il ne restait plus qu'une porte, une énorme porte, d'un noir d'encre, image de souffrance pure. Le bois semblait montrer les douleurs endurées, tandis que les gongs semblaient huilés de sang. La serrure, tout aussi sombre, avait la forme d'un visage de démon. Quelques mots avaient été gravés sur celui-ci, mais devenus bien illisibles depuis le temps. Et, tandis que l'homme, décrochant de sa ceinture l'ancienne clef, derrière la porte, monta une voix grave, emplit de folie, riante :

_Est-ce toi, bourreau ? Tu m'as fait bien attendre avant de m'honorer de ta présence. Ouvre, ouvre donc, que je puisse voir quel grand homme tu es !

L'homme poussa la porte de l'épaule, qui s'ouvrit lentement, grinçant terriblement à mesure qu'elle s'ouvrait, résistante à la pression, cédant néanmoins quelques centimètres de terrain, avant d'abandonner complètement. Une bouffée de puanteur l'assaillit, remplissant le moindre recoin de ses narines, et il se retint de justesse de ne pas vider son estomac sur ses bottes. La pièce était exiguë, et celui qu'il était venu chercher ici n'était pas le seul enchaîné. D'autres corps, en décomposition, étaient encore suspendus par des chaînes. Certains os étaient à nue : les rats avaient commencé leur travail, et il ne préférait même pas imaginer ce qui grouillait sur la peau nue des cadavres.

_Je ne suis pas venu là pour te faire les derniers sacrements, frère, je suis venu en ce lieu pour te ramener dans le monde des vivants.

L'homme, ou ce dont il en restait, les cheveux gras maculés de sang, la barbe miteuse, portant pour seul habit un pagne déchiré, sombre comme le sol, le visage baissé, s'arrêta soudainement de rire, et, d'une voix tremblotante, la folie restant en retrait :

_Da... Daleck ?

Daleck retira le casque qui lui cachait le visage, le jetant sur l'un des cadavres, et se pencha en avant, mettant un genou à terre. Il ouvrit la bouche, puis la referma lorsque l'homme redressa sa tête vers lui. Alors que, par le passé, ses yeux avaient été d'un bleu à faire pleurer de jalousie les femmes, ne restaient désormais que deux gros trous rouges. Le sang qui avait coulé avait maintenant séché, tapissant son visage d'un rouge sombre. Il posa la main en travers des orbites du prisonnier, serrant les dents, mais celui-ci continua aussitôt de parler.

_Ca ne pouvait être que toi... Daleck ! Écoute-moi, tu dois partir d'ici : ils ne t'ont pas encore attrapé, ne leur fait pas plaisir de te jeter entre leurs crocs, tu souffriras bien plus que les autres s'ils te capturent.

_Je vais partir, mais pas seul...

Se relevant, il dégaina son arme, et frappa avec force sur la première chaîne rouillée, puis la seconde. L'homme tomba en avant, mais, subitement, se redressa, comme s'il n'avait jamais été torture de sa vie, et que ses yeux ornaient toujours sa face.

_Tu ne comprends pas, je ne suis qu'un appât pour un poisson plus gros. Ce n'est pas moi qu'ils veulent, ça a toujours été toi, dit-il en se remettant à rire, du même rire de folie qu'il avait fait tonné lorsque Daleck avait déverrouillé la porte. Pauvres idiots, ils ne savent pas ce qui se cache sous c'est murs. Ils la croient prisonnière, mais je l'ai vu ! J'ai vue l'Ombre qui hantait ses murs depuis des années. Je l'ai vue, qui rôdait dans les couloirs. Elle... Elle...

Soudain, il baissa la voix, regardant de droite à gauche, épiant les moindres recoins :

_Elle m'a murmuré des choses. Des choses... Terribles ! Mon cœur se glace rien qu'a y songer mais... Non, tu dois partir, il le faut ! Ne fait pas en sorte que mon sacrifice soit vain... Donne moi juste... Ton couteau ! Je veux attendre ces chiens. Je ne veux pas mourir en lâche, je veux mourir... Au combat !

Lentement, l'homme passa sa main le long de son corps, faisant glisser le couteau hors de son étui. Le faisant pivoter, l'attrapant par la lame, il le tendit au fou. Celui-ci, après un instant d'hésitation, lui arracha des mains, et bondit en arrière, se recroquevillant en boule, tenant le couteau entre ses doigts, marmonnant, riant. Il n'y avait plus rien à faire. Il avait fait le plus vite possible lorsqu'il avait appris qu'il s'était fait arrêté, mais le temps avait joué contre lui, et le résultat était devant lui maintenant. Un homme brisé, aussi physiquement que mentalement, aveugle, et a moitié fou. Bon sang, pas à moitié fou, complètement même, songea-t-il. Après un dernier regard, il ramassa la torche, se dirigeant vers la porte. Il n'y avait plus rien à faire.

_Son heure est peut-être venu, guerrier, mais pas la mienne.

Il se retourna d'un bloc. Dans les ténèbres de la cellule, quelque chose avait bougé. La pièce était petite, mais l'obscurité y régnait totalement, malgré la présence de la torche. Et le fou, qui, à nouveau, commença à rire, entonnant sa folie !

_Je ne sais pas à qui tu as volé ta... Cette chose que tu portes, mais il est sûr que le propriétaire va bientôt se réveiller, ou que quelqu'un va trouver son cadavre...

Il fit un pas en avant, jetant le seul point de lumière là où se trouvait la forme qui avait parlé. La femme cligna des yeux devant la lumière. Elle aussi était enchaînée. A genoux, les bras levés au-dessus de sa tête, elle portait un pantalon bouffant à moitié déchiré, tout comme sa chemise qui laissait apparaître un sein. Dans son dos, les pans de peau apparente étaient marqué de zébrures sanguinolentes, et il était certaines que les lambeaux de la chemise en cachaient d'autres. Ses cheveux lui tombaient en bataille dans son dos, aussi noir que ceux de Daleck, et ses yeux verts, bien que terne, semblaient sauvages. Indomptable.

_Qui es-tu ?

La femme rit, et il craint un instant que la folie l'avait elle aussi touchée, mais elle s’arrêta aussi vite, et son visage se fit sévère.

_Ce n'est pas la question que tu devrais te poser. Sais-tu comment sortir d'ici ? Connais-tu chaque passage, chaque tournant, chaque porte ? Le tracé de chaque ronde ? Libère-moi et je te montrerais le chemin. Oh, oui, je connais bien plus celui qui mène à la salle de torture que celui menant dehors, mais je l'ai gravé dans ma mémoire dans l'attente d'un jour comme celui-ci. Libère-moi, et voyant qu'il hésitait elle repris d'une voix menaçante. Libère-moi, ou je hurlerais,si fort qu'il te faudra te tailler un chemin parmi une véritable armée pour sortir d'ici !

Elle sourit en voyant l'homme s'approcher, puis étouffa un hurlement en le voyant brandir son épée au-dessus de sa tête. Le coup frappa, net, précis, et la vieille chaîne qui la retenait se rompit brusquement dans une gerbe d'étincelles. Alors, une main se présenta devant son champ de vision :

_Suis-moi si tu veux vivre.

Elle l'empoigna. Les rires du fou redoublèrent.


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MessageSujet: Chapitre III   [BG] Daleck EmptyLun 20 Fév - 18:12

Date : trois ans après
Lieu : inconnu



L'homme ouvrit les yeux avec lenteur lorsqu'il sentit la femme bougé contre lui. Se tournant à demi dans sa direction, il se rendit compte qu'elle dormait toujours : elle avait simplement bouger dans son sommeil, rien de plus. Il l'observa un long moment. Elle avait rejeté les draps à hauteur de sa taille, comme à son habitude, tandis que sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Ses cheveux avaient grandi depuis le jour de leurs rencontres, lorsqu'il l'avait délivré des chaînes de cette prison, et elle n'avait jamais pris la peine de les coupés. Une perte de temps, selon elle, surtout que ceux-ci faisait partie intégrante de sa beauté. Et c'était vrai : ses cheveux noirs de jais, bouclés, avait toujours rehaussé la couleur vertes de ses yeux, et même de sa silhouette, depuis qu'ils atteignaient ses hanches. Mais pour le moment, ils étaient éparpillés, en bataille. Ils étaient souvent en bataille lorsqu'il lui rendait visite à vrai dire : ils étaient devenu amant étonnement vite, et partageaient souvent le même lit lorsqu'il lui rendait visite. Il n'avait pas honte de le reconnaître, il avait parfois fait de long détour dans ses voyages, juste pour son corps. Elle le savait, et ne s'était pas offusqué lorsqu'il avait mis les choses au clair à ce sujet : elle était du même avis. Il était agréable d'avoir quelqu'un pour réchauffer sa couche quelques fois, mais rien de plus.

Il passa sa main le long de son ventre : il avait bien envie de la réveiller pour la reprendre contre lui, mais elle dormait profondément. Il inspira longuement, s’enivrant de son parfum, de son odeur, puis retira sa main de son ventre brûlant. Janya était toujours brûlante, étonnamment. Que ce soit l'hiver comme l'été, ou qu'elle soit éveillée ou endormie, son corps était toujours de feu, à l'image d'un brasier infernal, quoique bien plus agréable au toucher.

Il se releva finalement, quittant le lit sans le moindre bruit. Attrapant le léger pantalon de satin qu'il avait retiré précipitamment plus tôt dans la soirée, il l'enfila rapidement, se retenant de justesse de ne pas grogner, ou même, de le déchirer. Il n'aimait pas le satin : c'était une matière bien trop raffinée à son goût, faite pour les seigneurs, ou les hommes riches. Jayna lui avait affirmé qu'elle ne pouvait laisser ses serviteurs voir un de ses amants se lever sans de beaux atours. Fulgurante avait été sa progression sociale, et, au cours de seulement quelques années, elle possédait déjà un domaine et sa voix était non-négligeable dans bien des affaires. S'il ne la connaissait pas plus, il aurait pu jurer qu'il s'agissait d'une aristocrate de vieille famille : elle prenait part à certaines rencontres diplomatiques, et disposer même d'une petite armée de domestiques et de mercenaires à ses services.

Sans un bruit, il se dirigea vers la porte, ne prêtant aucune attention au boudoir de la femme, ni même aux gravures d'or qui avait été appliqué sur les colonnes du lit à baldaquin. Tout n'était que luxe, hurlant la richesse de la propriétaire des lieux à ses visiteurs. On pouvait aisément se sentir sale à fouler ce sol, quand bien même on venait de sortir d'un bain. Pas Daleck. L'étalage de tout ceci ne l’impressionnait guère. Non qu'il y soit habitué, bien au contraire, mais il avait toujours éprouvé un profond dégoût pour tous ceux affichant leurs puissances plus qu'ils ne le devaient. Tous, sauf les femmes, les belles femmes, bien sûr...

Il sortit dans le couloir, se dirigeant vers la bibliothèque. Il aimait cet endroit, non pour ses livres, mais pour son étonnante simplicité comparée au reste, et surtout pour la présence d'un balcon qui donnait sur le lac, une autre possession du domaine de Janya. L'endroit serait parfait pour réfléchir, et peut-être chasserait-il les voix. Il avait commencé à les entendre depuis quelques années, et avait cru ce jour-ci devenir fou. Peut-être était-ce le cas, et l'était-il réellement, le Domaine étant le reflet de ses pensées, mais il en doutait. Elles pouvaient retentir à tout moment, murmure dans l'obscurité, cri dans les ténèbres. Elles avaient rarement du sens, du moins un sens qu'il comprenait. Et, lorsqu'il essayait de se rappeler ensuite ce qu'il avait entendu, ses souvenirs devenaient flou, sans consistance, glissant entre ses doigts comme de l'eau. Pourtant, après chacune de leurs apparitions, il l'entendait à nouveau. Le fou. Les paroles du fou. Son cœur qui se glace... Partir... Sacrifice... Vain... Et son rire empreint de la folie qui l'habitait, qui résonnait dans la cellule, avant de le poursuivre à travers les couloirs. Qu'avait-il voulu dire ce jour-là ? Rien, sans le moindre doute, ses pensées bien trop dérangés au moment où il l'avait retrouvé. Daleck espérait seulement ne jamais finir ainsi : la sénilité était terrible, mais la folie l'était aussi, si ce n'est plus...

Sa main enroba la poignée, et il ouvrit la porte. Nul torches ni même chandelles ne brillaient, et le feu était éteint, mais la seconde porte, menant au balcon, était restée ouverte, les fins rideaux frémissant sous le vent. On devinait néanmoins les rayonnages bardés de grimoires, ainsi que quelques lourds et confortables fauteuils de cuir placé dans les coins de la pièce, et deux autres vers l'âtre. Il ne savait pourquoi, Janya avait donné ordre lors de l'aménagement qu'aucun objet de valeur ne devait être installé ici, sans doute pour respecter l'ambiance studieuse de cette pièce.

Pieds nus, il se déplaça le long de l'épais tapis jusqu'au balcon, sortant dans la fraîcheur de la nuit, torse nu, laissant le vent lui caresser muscles, tatouages, et griffures. Le lac, placide, scintillant sous les étoiles du firmament, lui rendit son sourire lorsqu'il vint déposer ses mains sur la rambarde. De nombreux chênes s'étendaient autour du visage de la lune, qui se prélassait dans l'eau sombre, leurs faîtes parfois brisés par la présence de quelques conifères, qui les surpassaient de plusieurs têtes. Il ne sursauta pas lorsqu'un corps chaud vint se coller contre son dos, ni même lorsque les bras de celui-ci l'entourèrent par la taille, mais il se retourna tout de même.

_On observe les étoiles, Daleck ?

Il ne répondit pas, mais lui offrit un regard éloquent en l'observant. Elle portait une fine chemise de nuit diaphane, de couleur pourpre, et sa découpe était aussi suggestive que ce qu'elle laissait voir.

_Tu sais, au sujet des... Traîtres...

_Non

Il la coupa aussitôt. Il en avait déjà parlé, et son refus catégorique avait failli le faire chasser, ou pire, il en était sûr. Les yeux de Janya s'étaient écarquillés de stupeur en l'entendant la première fois, et elle était prête à hurler de rage, ça aussi, il en était sûr. Mais il ne pouvait pas le faire. Ce qu'elle appelait traîtres était en réalité une petite troupe armée qui avait refusé de se soumettre à son autorité lorsqu'elle avait acquît le Domaine. Cela n'avait eu aucune incidence sur le moment, jusqu’à maintenant. Ceux-ci avaient clamé il y a peu qu'il s'agissait en réalité d'une sorcière, et même d'une espèce de démone malfaisante qu'il fallait abattre, d'après ce qu'avait entendu dire Daleck. Sous le coup de la colère, elle avait immédiatement fait recruter quelques centaines de soldats de plus, et elle voulait qu'il les guide à la victoire pour elle. Il n'était pas du genre à refuser un combat, et elle le savait. Mais cette fois-ci, c'était différent. Cette troupe, il la connaissait. Ce n'était pas n'importe qui. C'était ses frères et sœurs de combat. Il s'était battu avec eux, à leurs côtés. Il les avait commandés, les avait menés à la destruction, la ruine, et la haine. Avec eux, il avait courtisé la Mort plus de fois qu'il n'en faut dans une vie d'homme. Avec eux, il... Il...
Il sentit les bras de la femme remontaient le long de son torse, avant de s'enrouler autour de son cou, tandis que celle-ci remontait aussi une de ses cuisses entre ses jambes, peu à peu, à chacune de ses phrases...

_ Ecoute-moi... Je sais pourquoi tu refuses, pourquoi tu ne veux guider personne à leurs rencontres... Mais... Ils sont devenus un danger. Les histoires qu'ils racontent n'ont peut-être aucun effet ici, en ce moment, mais que crois-tu qu'il arrivera s'ils se mettent à raconter des sornettes à tout le monde, sur des nobles ?

Elle avait déjà essayé de le convaincre pendant la journée, mais toujours d'une manière violente, c'était sans doute la première fois qu'elle essayait d'argumenter. Mais, quoi qu'il arrive, il était catégorique. Il ne changerait pas d'avis. Avec eux, il... Il...
Il sentit la main droite de la femme venir se loger contre sa nuque. Il essaya d'ouvrir la bouche, mais elle avait déjà recommencé à parler.

_Ils risquent la corde, ou pire. Tu n'aimerais pas que ça leur arrive, n'est-ce pas ? Sans doute un esprit... Mauvais... Est venu... Grattouiller... Dans leurs crânes, pour venir y pondre des histoires sombres et folles à la fois...

Elle avait tort. Ils n'étaient pas des imbéciles pour cela, et ne se feraient jamais prendre vivant pour être pendu ensuite. Ca, il en était sûr. C'est lui-même qui leur avait dit : vivre par l'épée, c'est mourir par l'épée. Il allait refuser, et partir le lendemain, ça serait très bien. De toute façon, ils ne les chargeraient pas. Avec eux, il... Il...
Il sentit les ongles de la femme se planter dans son crâne, tandis qu'elle souriait, laissant sa jambe s'arrêtait contre lui.

_Je suis sûr que tu comprends, n'est-ce pas ? Tu es Naaz'Krod. Tu sais ce que cela implique. Je ne te demande pas de les tuer. Pas tous. Je veux juste qu'ils s'agenouillent devant moi et me jure fidélité. Tous. Est-ce trop demander ? Je me porterais garante d'eux ensuite, pour que rien de ce qu'y découle de leurs... Traîtrise, ne leur soit fâcheux. Mais je ne peux pas permettre que ceux qui refusent survivent, tu comprends cela aussi, non ?

Pourquoi était-il si fatigué ? Il ne le savait pas. Sans doute avait-il mal dormi, ou pas assez. Le vent s'était-il arrêté ? Non, il voyait toujours les rideaux s'agitaient derrière Janya, pourtant, il ne sentait plus sa morsure dans son dos, comme s'il s'était couché, ou qu'il s'était drapé dans une épaisse couverture de laine. Il allait lui dire qu'elle devrait se débrouiller seul, et il partirait demain. Non, aussitôt. Avec eux, il... Il...

_Je les tuerais tous, jusqu'aux derniers. Je briserais moi-même le crâne de ceux refusant de s'agenouiller, s'étonna-t-il de s'entendre dire. A moins que... Non, elle avait raison finalement, il ne savait pas pourquoi, mais elle avait raison. Elle avait toujours raison. Mais pourquoi était-il si fatigué, et quel était cette espèce d'étrange bourdonnement qu'il avait, à l'oreille ?

_Je suis contente que tu ais changé d'avis. Bientôt, cette histoire sera terminé, et nous pourrons songer à autre chose... Mais d'abord, ils doivent tous mourir, tu comprends ?

N'avait-elle pas parlé de pardon ? Non, il avait dû penser à autre chose. Oui, c'était cela.
Il hocha la tête, lentement, montrant qu'il comprenait. Elle sourit doucement, ses ongles relâchant sa nuque, et, après un instant, elle s'écarta sur le côté. Il la regarda un instant, puis, sans attendre le moindre mot ou geste, il se tourna vers la porte.
En l'ouvrant, il ne put s'empêcher de se demander qui riait dans son dos. Etait-ce la femme, ou le fou ?
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